Mise aux enchères d’une lettre d’un descendant d’une des familles nobles les plus anciennes du Hainaut : le Prince Charles-Joseph de Ligne relate son voyage en Crimée en compagnie de la tsarine russe

Ne fut-ce que par la seule réputation de ce Prince de Ligne, cette lettre est historique

Nos liens avec la Russie semblent rompus, au moins a l'instant. Pourtant, le Prince Charles-Joseph de Ligne, sans doute le citoyen le plus ouvert sur le monde que notre pays ait connu au 18e siècle, avait tissé des liens particulièrement étroits avec l’Empire russe. Une lettre historique qu’il avait écrite à propos de son voyage avec la tsarine Catherine II va être proposée aux enchères par la maison Arenberg Auctions. Descendant de l’une des plus anciennes et puissantes familles nobles du Hainaut, il avait accompagné la tsarine en Crimée au printemps 1787. Il a raconté ce voyage de manière très détaillée dans plusieurs lettres, dont certaines sont restées en parfait état. 

Le Prince Charles-Joseph de Ligne, Belge et Européen avant la lettre, descendait d’une des plus anciennes familles d’Europe dont l’arbre généalogique avait des ramifications dans toute la noblesse européenne. Le réseau de ses relations nobles s’étendait sur tout le continent européen, fait assez rare à l’époque. 

À la fois diplomate, homme d’affaires, espion et Feld-maréchal, il résidait au magnifique Château de Belœil, alors sis dans le « Pays du Hainaut » et inscrit aujourd’hui au patrimoine exceptionnel de Wallonie. Néanmoins, le Prince de Ligne passait la majeure partie de son temps à la cour impériale de Vienne où, adolescent, il avait été présenté à l’empereur. Il voyagea beaucoup au départ de Vienne pour se rendre notamment à Versailles, Belœil et Saint-Pétersbourg. Il était effectivement très apprécié par toutes les grandes cours européennes et y connaissait tout le monde.

Spécialisée dans la vente aux enchères de livres anciens et rares, dessins, atlas et cartes, la maison bruxelloise Arenberg Auctions proposera aux enchères, les 26 et 27 avril prochains, une lettre historique du Prince de Ligne, conservée en parfait état. Il s’agit d’un récit précieux de son voyage en Crimée, qui témoigne de sa grande fascination pour la Russie. Selon ses propres termes : « la jalousie fondamentale que les Européens ressentent à l’égard de la Russie { …}, mais s’ils se donnaient la peine de voyager, ils verraient où règne la plus grande barbarie ». Des mots qui résonnent assez cyniquement en 2024.

Ami intime de Casanova, Voltaire, Mozart, etc.

Journaliste, chroniqueur et fin connaisseur de la famille de Ligne, Rik van Cauwelaert ne cache pas son enthousiasme à propos de ce précieux petit bout d’histoire.

« Le Prince de Ligne était en quelque sorte obsédé par l’écriture », explique Rik van Cauwelaert. « À sa mort, il a laissé plusieurs œuvres rassemblées en 34 volumes : des milliers de lettres, des récits, mais aussi des pièces de théâtre et des opérettes. Ses mémoires citent de nombreuses personnalités comme Casanova — le Prince de Ligne lui-même n’étant pas particulièrement discret à propos de ses multiples aventures amoureuses — Voltaire, Rousseau et Mozart, mais aussi tous les rois, empereurs et hauts dignitaires européens de la fin du 18e siècle. C’est peut-être lui le premier vrai Européen vu que son réseau s’étendait sur tout le continent. Sur le plan littéraire, son style direct pleinement assumé joua aussi un rôle essentiel. Maintes fois, il prit position de manière assez progressiste. À l’époque, son ouverture d’esprit atypique tranchait alors rigoureusement. »

Un célèbre voyage en Crimée

La lettre mise aux enchères est un récit adressé à « Monsieur le Baron », tombé aux oubliettes. Il est clair que cette lettre a une valeur historique, précise Henri Godts, expert auprès de la maison Arenberg Auctions.

« Cette lettre a été écrite lors d’un voyage en bateau sur le Dniepr vers la Crimée au printemps 1787. Le Prince de Ligne avait été invité par la tsarine Catherine II qui lui aurait même fait cadeau d’une terre en Crimée. Le voyage, entrepris initialement sur invitation du Prince russe Potemkine, lui fit découvrir des “villages magnifiques”. Il s’avéra, cela dit, par la suite, qu’il s’agissait de façades factices en bois, dressées pour masquer la misère et la pauvreté du peuple. D’où l’expression “village Potemkine” pour désigner un lieu vide construit en trompe-l’œil. »

La réputation du Prince de Ligne confère un atout supplémentaire à cette lettre.

« Le Prince de Ligne était un homme aimable et érudit. Goethe disait même de lui qu’il était “l’homme le plus joyeux de son époque” : on aurait pu remplir un livre de ses bons mots », ajoute Rik van Cauwelaert. « Catherine II, aussi appelée la Grande Catherine, aimait l’avoir à ses côtés : à l’époque, elle appréciait particulièrement les idées des Lumières, et le Prince de Ligne, grâce à son vaste réseau, lui permettait de rencontrer les personnes les plus diverses. »

Les enchères se dérouleront à la maison de ventes Arenberg Auctions, les 26 et 27 avril prochains. D’autres lots pourvus d’une histoire tout aussi particulière seront également proposés à la vente. Citons notamment deux des plus anciennes cartes de New York, vieilles de 350 ans. Il y a fort à parier que celles-ci susciteront également l’intérêt outre-Atlantique !

 

Contact de presse

Henri Godts, Arenberg Auctions

0495 57 17 09 - henri@arenbergauctions.com

 

Dajo Hermans, Story Fwd

0478 84 42 45 - dajo@storyfwd.be

 

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