L’ébauche d’une composition de Ludwig van Beethoven, censée perdue, sera proposée aux enchères par la maison de vente bruxelloise Arenberg Auctions
Un document unique issu de la collection privée d’un avocat bruxellois, proche de la famille royale belge
Communiqué de presse
Une ébauche de composition manuscrite d’une sonate pour piano de Ludwig van Beethoven, datant de 1796, refait surface après avoir été considérée comme perdue pendant près de 86 ans. Ce document unique sera mis aux enchères mi-décembre par la célèbre maison de vente Arenberg Auctions, spécialisée dans les livres et manuscrits anciens. Un feuillet signé par le compositeur hongrois Franz Liszt, comportant les premières mesures de son magistral 'Galop Chromatique', sera également proposé à la vente.
Ludwig van Beethoven est sans aucun doute le compositeur allemand le plus réputé. Tout le monde connait sa « Lettre à Elise » et sa « Symphonie n° 5 » ou du moins les premières notes. Né à Bonn, Beethoven a étudié de 1792 à 1794 à Vienne auprès d’un autre grand compositeur, Joseph Haydn. C’est d’ailleurs en l’honneur de son maître qu’il a composé ses trois premières sonates pour piano. Les partitions manuscrites de ces compositions sont toujours introuvables à ce jour, mais deux esquisses fragmentaires ont survécu. Un fragment de la sonate n° 1 se trouve dans un prestigieux musée à Vienne, et un deuxième fragment est maintenant proposé aux enchères par la maison de vente bruxelloise Arenberg Auctions.
C’est une nouvelle importante puisque le document est considéré comme perdu depuis 1937. Il s'agit d'une feuille de musique de 32 x 23 cm et est en fait une première esquisse de composition réalisé à la hâte et comprenant quelques groupes de triolets, des notes d’accords et des octaves. Dans la marge inférieure, on peut lire la mention manuscrite : « 4. Satz aus der Beethovenschen Sonate op. 2 n°1 Ihm Jahre 1796 bei Artaria“ (Artaria était la maison d’édition de musique viennoise qui a publié les sonates en 1796). Au verso, quelques figures rythmiques ont également été notées.
Ce n'est pas un hasard si ce document est proposé aux enchères par la maison Arenberg Auctions: c'est la plus grande maison de vente aux enchères de notre région des Bas Pays.
« C’est une magnifique découverte pour l’histoire de la musique. Nul doute qu’elle intéressera beaucoup d’amateurs à travers le monde. La comparaison entre cet exercice manuscrit et la partition finale qui a été publiée et interprétée d’innombrables fois, nous offre un regard unique sur la genèse de cette œuvre de jeunesse de Beethoven. Par exemple, le tempo mentionné était initialement 'Presto' alors que toutes les éditions ultérieures mentionnent 'Prestissimo' », explique Henri Godts, expert de la maison de vente Arenberg Auctions.
Issu d’une collection privée d’un avocat bruxellois
Bien que toute trace de cette esquisse ait disparu depuis 1937, certains spécialistes savaient que le fragment de musique avait fait partie de la collection privée de Lucien Tonnelier (1860-1932), avocat à la Cour d’appel de Bruxelles. Ce juriste, qui était également un pianiste doué, a accompagné la Reine Elisabeth et a donné des leçons de piano à la princesse Marie-José de Belgique.
Lucien Tonnelier est décédé depuis presque 100 ans, mais les précieuses feuilles de sa collection viennent de refaire surface chez un héritier, des générations après. Nous ne saurons probablement jamais comment feu Lucien Tonnelier a pu s’approprier ce feuillet de musique unique.
Cette pièce d'une importance mondiale est estimée à 50 000/60 000 euros, mais pouvrait, selon les connaisseurs, atteindre un prix de vente beaucoup plus élevé.
Une perle musicale écrite par Liszt pendant sa tournée en Belgique
Une autre perle musicale se cachait dans la même collection de Tonnelier. Une feuille unique sur laquelle le célèbre compositeur et musicien hongrois, Franz Liszt, a écrit les premières mesures de son magistral 'Galop Chromatique' pour piano. Ce feuillet est en outre daté et signé par le maître : Malines, 10 mars (18)41, F. Liszt.
Le 'Galop Chromatique' a paru en 1838 en tant que version pour piano seul, mais aussi en tant que version pour deux pianos. Le fait que Liszt ait recouru au chromatisme, une manière de « colorer » les mélodies et de les intensifier, est particulièrement intelligent et montre combien son inspiration était guidée par l’instinct et l’expérimentation. Cette œuvre fut le plus grand « hit » de Liszt pendant ses années flamboyantes, et l’effet sur le public était chaque fois hypnotisant.
La mention « Malines » sur le feuillet, par contre, est assez surprenante. Personne ne sait si Liszt y a donné un concert en public. Ni son biographe anglo-canadien Alan Walker, ni la Professeur émérite de musicologie à l’ULB Malou Haine, qui a étudié en détail sa tournée musicale en Belgique, ne mentionnent Malines. À cette époque, ce pianiste virtuose, compositeur et chef d’orchestre du 19e siècle est venu à Bruxelles, Gand, Liège, Anvers et Bruges pour y donner au total quatorze concerts dont huit pour interpréter le Galop Chromatique. Le 7 mars, quelques jours avant d’écrire ce fragment musical, il a joué son œuvre à Anvers. Ensuite, il s’est encore produit à Liège, le 12 mars, et à Bruxelles, le 13 mars.
« En toute hypothèse, il n’est donc pas impossible que Liszt ait visité plusieurs villes belges dont Malines entre le 7 et le 12 mars 1841, partant d'Anvers pour se rendre à Liège, et qu’il ait donné ici et là quelques concerts privés pour des amis ou des connaissances », souligne Henri Godts, expert de la maison de vente Arenberg Auctions. « Ce document qui va être proposé aux enchères peut être considéré comme un souvenir manuscrit offert très probablement à une admiratrice. Ou pour utiliser le langage d’aujourd’hui, un souvenir signé de la main d’une star pour l’un de ses nombreux fans. »
Le collectionneur Tonnelier a reçu ce souvenir en 1902 en cadeau de Madame Marie Jeanne Reyntiens, épouse du chevalier Gaston Hynderick de Theulegoet. Comment peut-on en être si certain ? Dans le coin supérieur droit du document, Tonnelier a noté : « Cet autographe de Franz Liszt (galop chromatique) appartenant à la collection de Madame Hynderick de Theulegoet m’a été donné après l’exécution chez elle de la Sonate de Liszt, le Sospiro, la Campanella etc… ». Ce document signé a une valeur estimée à 4000 euros.
Un intérêt d’une ampleur mondiale
La vente organisée par la célèbre maison de vente bruxelloise, qui sera d’autant plus suivie cette fois à l’échelle mondiale, se tiendra les 14, 15 et 16 décembre prochains. D’autres œuvres seront aussi proposées aux enchères. Citons notamment le fameux 'faux catalogue Fortsas' de Chalon qui ira au plus offrant. Ce catalogue est un des premiers exemples de « fake news » de l’histoire.
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